Comment enrichir le sol pour économiser l'eau ?
La terre est votre premier alliée : si vous voulez faire baisser votre consommation d'eau, il faut enrichir le sol.
Un sol affaibli ne joue pas son rôle de sol vivant : il ne retient pas assez l’eau et, même, demande d’arroser plus souvent vos plantes. C’est pourquoi nous allons voir comment chouchouter la terre, notamment avec de la matière organique.
L’objectif d’enrichir le sol ? Économiser l’eau au jardin, au balcon ou sur la terrasse. Un challenge à la portée de tous !
Qu’y a-t-il dans mon sol ? De quoi est-il constitué ?
Si vous bêchez dans votre jardin sur une grande profondeur, vous verrez que votre sol est composé de plusieurs strates : une fine couche de matière organique (l’humus), puis de terre arable, une couche de sous-sol, puis la roche souterraine. Ce qui va nous intéresser concerne les deux premières couches. En leur sein, on retrouve principalement des matières minérales (40-50 %), à part égale de l’eau et de l’air, et des matières organiques (à seulement 3%).
Les matières minérales vont déterminer la nature de votre sol. Lorsqu’il est équilibré – la terre de jardin parfaite – on estime qu’il contient 65 % de sable, 30 % d’argile ou de limon et 5% d’humus. Par ailleurs, son pH est neutre, soit égal à 7.
Et quand l’équilibre n’est pas atteint, on distingue sinon 4 types de terre :
- Argileuse : c’est une terre compacte, qui retient bien l’eau. Elle durcit aisément s’il fait chaud, et elle se gorge d’eau si elle est mal drainée. Elle demande un amendement régulier.
- Siliceuse (ou sableuse) : terre bien perméable, parfois trop. Elle s’appauvrit vite et se dessèche tout autant. Demande à être nourrie.
- Calcaire : terre légère et perméable, qui réagit vite aux changements de temps (croûte en été et devient boueuse à la mauvaise saison). Son pH est élevé (de 7 à 14) et demande d’adapter les cultures.
- Humifère : c’est la fameuse terre de bruyère. Son pH est peu élevé (de 0 à 6). On rencontre à l’état sauvage bruyère ou fougère, genêt. Elle retient l’eau et les éléments fertilisants, mais son acidité est réservée à certaines espèces.
Mais face au dérèglement climatique, l’eau devient soit excessive soit déficitaire en fonction des saisons. L’idée est de nourrir son sol, de le rendre suffisamment vivant et en bonne santé pour qu’il puisse gagner en résistance et stocker l’eau.
Vous ne savez pas quelle est la nature de votre sol ? De nombreuses enseignes de jardinerie vous proposent d’analyser votre terre en échange d’un simple échantillon. Un professionnel du paysage partira également de l’existant pour vous proposer la meilleure solution pour améliorer la rétention en eau de votre sol et y installer l’aménagement adapté.


Enrichir le sol, prendre soin du petit peuple du sol vivant
Qu’est-ce qu’un sol vivant ? Dans votre terre de jardin se cachent des milliers de macro et de micro-organismes. La faune et la flore du jardin sont bien plus nombreuses qu’on ne le pense !
Du côté des macro-organismes, visibles à l’œil nu, on recense des mammifères comme les rongeurs, des cloportes, mais surtout les lombrics. Côté microfaune et microflore, bactéries, protozoaires et algues sont légion. Les micro-organismes peuvent vivre indifféremment à la surface ou en profondeur dans le sol.
Leur rôle est indispensable au jardin, car ils vont dégrader la matière organique de l’humus, la recycler, aérer la terre, participer à son drainage et bien sûr nourrir les plantes. Ainsi, les champignons assimilent l’azote puis les transforment en protéines qui sont absorbées par les végétaux. Les lombrics font des allers-retours entre surface et sous-sol et participent à son drainage, tandis que leurs déjections enrichissent le sol.
Enrichir le sol pour permettre l'infiltration de l'eau et gagner en résistance
En favorisant un sol vivant, le résultat va être double :
- Les micro-organismes vont accélérer les capacités d’infiltration et de stockage de l’eau. En effet, ils augmentent la granulométrie du sol en le décompactant et en l’aérant. Un sol plus sableux est bien plus à même de retenir l’eau et de pouvoir l’utiliser au bon moment.
- Un sol vivant maintient la disponibilité de l’eau pour les végétaux durant les périodes de sècheresse et diminue les besoins en arrosage. Autre atout : les agents souterrains nourrissent les plantes, et, mieux nourries, elles résistent bien mieux aux agressions climatiques.
Comment favoriser l’arrivée de cette flore et faune du sous-sol ? Bien sûr, on oublie les traitements de synthèse qui sont interdits par la loi. Mais surtout, on s’oriente vers une nourriture adaptée : la matière organique.

Le rôle de la matière organique pour le sol
Mission : retenir l’eau et les nutriments indispensables
Concrètement, qu’est-ce que la « matière organique » ? Il s’agit de la matière issue de la dégradation du vivant (plantes, animaux, champignons…). Elle se retrouve dans les ingrédients du compost : matières sèches comme la tonte de gazon ou le carton (non imprimé) et matières humides telles que les épluchures, le marc de café. On peut aussi évoquer le fumier, à récupérer dans un haras ou une ferme proche, ou à trouver en vente chez un professionnel de la filière.
Des apports variés de matière organique permettent d’éviter des carences nutritives. Une seule source (uniquement des tontes de gazons ou de broyats) entrainera nécessairement une baisse des nutriments, situation néfaste à vos plantes.
Au jardin, les matières organiques sont concentrées dans l’humus. En rajouter permet à votre sol de recharger ses batteries et gagner en force. Plus exactement, l’humus absorbe comme une éponge l’eau et permet de retenir l’humidité au plus près des racines. Ainsi, les végétaux sont mieux nourris.
Comment enrichir le sol ?
L’idée est de recouvrir à tout prix son sol : sur un terrain nu, l’évaporation est trois fois supérieure à un sol forestier. On a tous en tête la fournaise que représente un parking bitumé par rapport à une prairie sous le soleil.
Compost, fumier, résidus de tonte ou feuilles mortes… sont des aides précieuses pour nourrir le sol. Procédez pour cela en automne en deux étapes : d’abord griffez le sol, puis entassez une bonne couche de ces précieuses matières organiques, si possible en lasagne (succession de couches) ou en mélange. L’épaisseur idéale ? 20 cm au minimum. Elle pourra ainsi tranquillement se déliter au fur et à mesure de l’hiver, en nourrissant le sol et en le protégeant du froid. Au printemps, votre sol sera assez structuré pour occuper son rôle de stock d’eau. Vos plantes auront assez de nutriments pour croitre.
Le compost mûr peut également être utilisé tout au long de l’année. Pour bien reconnaître son degré de maturité, fiez-vous à son odeur et à son aspect : il doit avoir une bonne odeur de sous-bois (comme l’humus forestier) et une belle couleur noire. Vous pouvez aussi l’émietter entre vos doigts : il ne doit pas présenter de morceaux. Enterrez-le légèrement pour qu’il ne soit pas lessivé à la première pluie. Vous pouvez faire votre compost chez vous ou en acheter.
Le choix de l’engrais vert peut aussi être une bonne option pour recouvrir certains sols. Il s’agit d’un mélange de plantes fixatrices d’azote semées sur place, coupées, puis enterrées qui nourrissent efficacement la terre. L’engrais vert est une technique agricole utilisée entre deux cultures.
Le binage, pour éviter la croute de battance
Attention, nous ne parlons pas ici de bêchage ! Ce geste pratiqué avec la bêche retourne profondément la terre et mélange les différentes couches de terre. Résultat : l’humus et la matière organique sont enfouis profondément dans le sol, et leurs bénéfices en surface ne sont plus perceptibles.
A contrario, le binage préserve les différentes strates, tout en permettant une aération bienvenue du sol.
Biner permet ainsi d’éliminer ce qu’on nomme la croûte de battance, la partie solidifiée du sol qui empêche la pluie de bien pénétrer dans la terre. Ainsi légèrement retournée, la terre de vos massifs ou de votre potager va tranquillement accueillir l’humidité, au grand plaisir de vos végétaux.
Elimination des adventices
L’autre avantage du binage ? éliminer la concurrence. En effet, dans une plate-bande, « bonnes » et « mauvaises » herbes (aussi nommées adventices) cohabitent plus ou moins sereinement. Malheureusement, certaines adventices plus vigoureuses vont concurrencer vos chères vivaces / annuelles pour les ressources nutritives et en eau. Pour rétablir l’équilibre, le désherbage est malheureusement une étape obligée. Biner est la meilleure manière de se débarrasser de ces importunes, notamment celles à racines superficielles.
Vos plantes pourront donc profiter de leur ration d’eau et votre jardin sera moins gourmand en arrosage.
Économiser l’eau au balcon : enrichir le sol des potées
Bien choisir son substrat
Une plante en pot dépend entièrement de la qualité de la terre pour survivre : trop drainante, elle ne capte pas assez l’eau et se dessèche, trop compacte, elle ne laisse pas assez respirer les racines et étouffe la plante. Le support de culture doit aussi être adapté à ses besoins : terreau orchidée, substrat spécial semis, terre de bruyère…
C’est pourquoi, au moment de choisir son terreau, on peut rapidement être submergé par le choix proposé : faites—vous conseiller par un professionnel ! Un bon indicateur consiste à choisir un support de culture qui comporte suffisamment de compost (10 à 15 %). Cette matière organique aura les mêmes effets qu’au jardin : elle favorise le stockage de l’eau et permet à votre potée de résister aux coups de chaud.
Pourquoi choisir la filière du végétal ?
Si vous possédez des balconnières de grand volume, remplissez-les avec du terreau, mais aussi de la terre de jardin. Attention, ne prenez pas plus de 20 % de cette dernière : elle n’est pas totalement en adéquation avec la culture en pot.
Selon vos besoins, ajoutez une couche de drainage dans le fond du pot. Vous pouvez aussi mélanger des éléments drainants comme la perlite ou la vermiculite à votre terreau / terre de jardin pour obtenir un substrat léger, exigé pour certaines plantes.
Que ce soit pour votre terrasse ou votre jardin, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un professionnel du végétal pour évaluer les besoins de votre sol et lui donner un regain de force. Outre des massifs plus esthétiques et un potager en pleine forme, votre consommation d’eau s’en ressentira.